Paul Diemunsch, 32 ans, a reçu le dessin en héritage. Fils de dessinateurs (sa mère réalisait des BD et fresques pour enfants, son père des publicités), ce natif des Yvelines et habitant du quartier Pelleport a appris à crayonner très jeune.

 

C’est aux Arts décoratifs de Paris, d’où il sort diplômé en 2014, qu’il apprend les rouages de la gravure à l’eau forte, sa technique favorite. Soit appliquer une couche de vernis sur une plaque en cuivre. Découper le vernis avec un stylet. Plonger la plaque dans l’acide pour faire se creuser le cuivre à l’endroit où le vernis protecteur est absent. Retirer le reste du vernis. Encrer la plaque pour que l’encre se place dans les creux du motif. Placer la plaque sur la presse. Laisser l’encre se transférer sur du papier… un protocole méticuleux qui inscrit la gravure autant dans l’art que dans l’artisanat. 

A sa sortie de l’école, c’est vers la gravure “médiévale” que ce passionné d’histoire se tourne. “Je me suis mis à chercher des occurrences entre passé et présent, car c’est un bon moyen pour soulever des problématiques sociales et politiques actuelles”, explique-t-il. Deux œuvres bouffonnes résument bien cette période : le milliardaire et spéculateur Georges Soros, représenté comme un puissant religieux du Moyen-âge, ou Patrick Balkany en costume de Colbert. 

Celui qui exerce également comme coordinateur de l’atelier gravure à la Villa Belleville (un établissement culturel de la ville de Paris dédié aux arts visuels) a récemment fait évoluer son style vers des fresques plus contemporaines. Parmi ces dernières oeuvres : “l’attaque du ministère” par les Gilets jaunes (qui a eu lieu en 2020) ou l’assaut du Parlement européen, qui reste une oeuvre de fiction. 

“Ce n’est pas quelque chose que je souhaite réellement, c’est une parabole pour signifier le report de souveraineté, ou plutôt la dépossession de souveraineté de l’État français”, commente l’artiste. Qu’on soit ou non d’accord avec lui, on salue la qualité du dessin, son talent de satiriste et on attend ses œuvres sur les prochains soubresauts de la politique française ou internationale… 

rptoz

>> Ce portrait est le quatrième d’une série sur les talents émergents du 20e, réalisée avec le soutien de la @mairiedu20. Ne manquez pas ceux du rappeur Blacka L’Aigle, de la brodeuse plasticienne Jenna Broult et de Soukaïna, passionnée de comédies musicales.

—————–

A lire aussi : 

Villa Belleville : des ateliers individuels et partagés pour soutenir la jeune création

Dans l’atelier de gravure de Caroline Bouyer, à Ménilmontant

L’univers doux et enfantin de Megumi Nemo, street artiste japonaise

 

 

Suivez Mon Petit 20e sur Instagram

@monpetit20e