“Une erreur colossale a été commise”: la gestion du barrage d’Eupen remise en cause
Mise à jourDepuis les inondations qui ont touché la Belgique, et plus particulièrement l’est du pays, de nombreuses personnes s’interrogent quant à la gestion des barrages, et notamment celui d’Eupen. Pour Damien Ernst, la situation aurait pu être évitée. Surtout qu’une mise en garde avait été adressée à l’intention de la Belgique, mais aussi de l’Allemagne, concernant des risques d’inondations.
Sarah Moran GarciaDernière mise à jour:19-07-21, 17:07Source:Sunday Times, RTBF
Les inondations des 14 et 15 juillet ont été dévastatrices. La Meuse, la Vesdre, la Hoëgne, et de nombreux autres cours d’eau sont sortis de leur lit et ont tout emporté sur leur passage. Des maisons entières ont été englouties et détruites par les flots. Le bilan fait état de 31 décès, dont 23 dans la seule région verviétoise. Une situation catastrophique qui aurait pu être évitée, selon certains.
Le mercredi, le barrage d’Eupen avait déjà atteint sa capacité maximale. Les vannes ont donc dû être ouvertes. La Province de Liège avait d’ailleurs prévenu que le débit de la Vesdre risquait d’augmenter. Le problème, c’est que lundi, déjà, les gestionnaires du barrage avaient reçu une alerte concernant d’importantes précipitations à venir mercredi et jeudi, mais n’ont rien fait pour prévenir les risques d’inondation.
On a transformé un problème d’inondation très sérieux, en un problème réellement catastrophique.
Damien Ernst, Professeur à l’Université de Liège.
“Une erreur colossale a été commise. Il aurait fallu vider une partie du barrage de manière préventive pour qu’il puisse jouer son rôle de tampon. Cela n’a pas été fait et il a fallu relâcher l’eau du barrage au moment le plus critique. De la sorte, on a transformé un problème d’inondation très sérieux, en un problème réellement catastrophique le long de cette vallée de la Vesdre”, estime Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège.
Première alerte le 10 juillet
Selon le journal britannique Sunday Times, la Belgique avait déjà été notifiée, le 10 juillet dernier, soit quatre jours avant les inondations, que le pays se trouvait en situation de “haut risque”. “Il aurait donc fallu, dès le samedi, vider au moins huit millions de m3 d’eau du barrage d’Eupen pour éviter de devoir relâcher de l’eau en urgence le mercredi”, ponctue Damien Ernst.
Diminuer l’urbanisation
Tous les experts ne sont pas aussi catégoriques. Selon Sébastien Erpicum, gestionnaire du laboratoire d’hydraulique des constructions à l’Université de Liège, interrogé par la RTBF, “on n’aurait pas pu éviter ce qu’il y a eu la semaine passée”, car les barrages réservoir en Belgique sont situés en tête de bassin, donc très en amont, et drainent des superficies de terrain très limitées.
Pour le scientifique, les barrages ne seraient qu’une partie du système de prévention des crues. Il faudrait davantage miser sur la diminution de l’urbanisation et réfléchir plutôt à réduire la vulnérabilité des zones inondables.
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