Protéger les droits des détenus au Bénin

27 avril 2021

Dr Gouda Faouzane, l’un des volontaires ONU, Médecin recruté pour la prison civile de Cotonou en train de faire le test de COVID 19 à un nouveau détenu. Crédit photo : PNUD Bénin / Roger Attemba


Au Bénin, le taux d’occupation des prisons estimé à 170,19 % indique la persistance de la surpopulation carcérale malgré les efforts consentis par le Gouvernement. Cette situation qui contraint les détenus à une promiscuité et une mauvaise hygiène, constitue une bombe dans le contexte de la COVID-19.

Le programme des Volontaires ONU, en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) au Bénin, à travers le Projet d’Appui à l’Amélioration de l’Accès à la Justice et de la Reddition des Comptes, a déployé depuis octobre 2020 dix (10) Volontaires ONU notamment sept (7) médecins et trois (3) psychologues au sein des établissements pénitentiaires du Bénin, pour y améliorer la qualité des services de santé.

Selon le Représentant Résident du PNUD au Bénin, M. Aouale Mohamed Abchir, l’intervention des Volontaires ONU pour la prise en charge médicale et l’accompagnement psychologique des détenus permet à plus de 10 300 personnes en détention de jouir de leur droit à la santé. 

« Les Volontaires sont les acteurs de premier-plan de cet appui aux prisons, et leur travail contribue directement à la bonne santé et au bien-être des populations carcérales, à réduire les inégalités, à l’efficacité des institutions de paix et de justice », a-t-il expliqué.

Dr Gouda Faouzane est l’un des volontaires ONU médecin recruté pour la prison civile de Cotonou.

« Nous avons réussi à diminuer considérablement la propagation des dermatoses et de la COVID-19 pour ne citer que ces affections. L’incidence de la COVID-19 est passée de 15 cas de contamination, à notre arrivée, à 2 cas ce jour.  Par ailleurs, nous avons initié avec l’équipe de la direction départementale de la santé du Littoral, une désinfection totale des locaux » explique-t-il.

L’ensemble des détenus et du personnel pénitentiaire ont ainsi été sensibilisés par les Volontaires ONU et mettent davantage en pratique les règles d’hygiène et les mesures barrières contre la COVID-19 au quotidien.

Au Centre du pays, le quotidien n’est pas de tout repos pour le volontaire ONU Dr. Edouard Kpahe, Médecin affecté à la prison civile d’Abomey.  Il visite les dortoirs tous les matins pour détecter les éventuels malades graves qui n’ont pas pu venir à l’infirmerie ; ensuite il effectue une consultation des détenus qui se sont inscrits pour des pathologies. Si leur état nécessite une évacuation ou une consultation spécialisée chez un ophtalmologue, un gynécologue par exemple, Dr Kpahe s’occupe des formalités administratives avec l’administration pénitentiaire. Il rend également visite aux détenus hospitalisés une fois par semaine.

« Cette expérience m’a rendu davantage responsable. Je dois répondre de la santé de plus de 1 300 détenus et coordonner le bon fonctionnement de l’infirmerie. Les détenus n’ont pas la possibilité de changer de soignant comme au moment où ils étaient libres de leurs mouvements. Alors je fais de mon mieux pour les servir comme il le faut, » a-t-il affirmé.

Certains détenus ont des antécédents psychologiques ou psychiatriques, des habitudes de consommation de substances psychoactives, des situations qui fragilisent davantage leur bien-être une fois en détention. La Volontaire ONU Emilienne Aligbonon, Psychologue Clinicienne, aide les prisons de Cotonou et d’Abomey-Calavi à prendre en charge ces cas.

 « J’assure leur soutien psychologique à travers des consultations individuelles, des thérapies de groupe, des sensibilisations et des travaux de médiation. J’ai ainsi créé de petits groupes thérapeutiques solidaires sur la santé mentale et les conséquences des drogues. Et je travaille beaucoup sur le relationnel pour prévenir les différentes formes de violence carcérales (discrimination, violence verbale et physique, intimidation, ségrégation, etc). En devenant Volontaire ONU, je concrétise mon souhait de me rendre utile à la communauté pour contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement Durable. J’intègre davantage les valeurs d’inclusion, d’intégrité humaine dans mon travail quotidien et j’apprends à travailler efficacement avec des moyens matériels limités. C’est une expérience inédite pour moi ! » explique-t-elle.

« Nous sommes satisfaits de la présence et du travail des Volontaires ONU. Nous avons constaté beaucoup de changements positifs avec l’intervention de la psychologue Emilienne. L’exemple le plus parlant est celui des femmes détenues chez qui on observait beaucoup de conflits et des bagarres régulières. Dr Aligbonon a pu identifier et régler les désaccords grâce à quelques thérapies de groupe. Elle a également mené des thérapies de groupes et des entretiens individuels avec les responsables des détenus sur le management des personnes en détention, action qui s’est révélée très utile à la gestion du pénitencier»,  déclare le Capitaine Sagbo Alladassi, Régisseur de la maison d’Arrêt d’Abomey-Calavi.

Pour le Représentant Résident du PNUD, l’intervention des Volontaires ONU impacte sur la durabilité du projet à trois niveaux. D’abord, les activités de santé préventive, organisées par les VNU au profit des détenus, deviennent un acquis que les détenus et le personnel pénitentiaire peuvent pérenniser. Ensuite, les volontaires médecins ont assuré un encadrement et un recyclage au personnel infirmier et aide-soignant pénitentiaire ; ce qui leur permet de mieux faire face aux pathologies ordinaires des détenus, même en l’absence des médecins. Enfin, l’accompagnement des volontaires psychologues permet la rémission des comportements antisociaux et une prévention des risques de récidive, en particulier chez les jeunes ou les mineurs détenus.

Cet appui du PNUD au Ministère en charge de la Justice s’inscrit dans l’approche inclusive « ne laisser personne de côté » pour la mise en œuvre de l’agenda 2030.

La Volontaire ONU Emilienne Aligbonon, Psychologue Clinicienne en pleine consultation avec un détenu. Crédit photo : PNUD Bénin / Roger Attemba