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« Tant que l’Europe fermera les yeux sur la finance illicite, c’est tout le système politique qui sera en péril »

Pour ne plus laisser sans surveillance ses frontières financières et contrer les flux illicites qui traversent le marché unique, l’Union européenne a instamment besoin d’un nouvel organisme consacré à la lutte contre le blanchiment, plaide, dans une tribune au « Monde », le journaliste franco-britannique Ben Judah.

Publié le 05 décembre 2019 à 06h00, modifié le 06 décembre 2019 à 07h37 Temps de Lecture 4 min.

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Tribune. A l’extérieur du Parlement européen, les ambitions de la nouvelle présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, sont affichées sur des posters géants. Une flotte d’avions de combat fend le ciel, illustrant son engagement en matière de sécurité.

Mais la défense de l’Europe ne peut plus simplement dépendre de gardes-frontières, de navires et de drones. Pour faire face aux principaux problèmes de sécurité qui affectent l’Union européenne (UE) – la montée des autoritarismes, le crime organisé et l’influence des kleptocraties ou systèmes de corruption généralisée –, celle-ci doit reconnaître que des menaces « étrangères » ont pénétré désormais profondément l’infrastructure « domestique » de la finance illicite.

Des millions de citoyens européens considèrent l’UE comme une complice et non pas comme une ennemie de la corruption – et cela à juste titre

Sur terre, dans le ciel, par les mers, et de plus en plus sur le Net, l’Europe compte de solides remparts. Mais elle est sans défense quand il s’agit des flux financiers. Les chiffres sont alarmants. En 2018, on a découvert que plus de 200 milliards d’euros d’origine douteuse – la plupart en provenance de la Russie – avaient transité par la filiale estonienne de la Danske Bank [la première banque danoise]. Pour mettre ces éléments en perspective, le budget total alloué par la France à la défense [dans le projet de loi de finances pour 2020] s’élève à seulement 37,6 milliards d’euros.

Cette négligence a eu pour effet de renforcer la mainmise des kleptocrates étrangers, d’encourager l’évasion fiscale et d’exacerber les réactions populistes à travers l’Europe. Des millions de citoyens européens considèrent l’UE comme une complice et non pas comme une ennemie de la corruption – et cela à juste titre.

L’erreur s’enracine dans la structure institutionnelle de l’Union européenne. Des décennies de mondialisation financière et de transformations technologiques ont fini par brouiller la frontière qui séparait l’« étranger » du « domestique ». Mais les recherches que j’ai menées avec David Adler, de l’Institut universitaire européen, à Florence (Italie), montrent toutefois que l’UE maintient des silos étanches entre les organismes qui travaillent sur les questions extérieures – le Service européen pour l’action extérieure (SEAE), par exemple, ou la commission des affaires étrangères (AFET) du Parlement européen – et ceux qui se consacrent aux questions intérieures comme le marché unique. La concurrence des « compétences » se traduit par le fait que ces organes sont peu encouragés à coopérer.

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