Cet article vous est offert
Pour lire gratuitement cet article réservé aux abonnés, connectez-vous
Vous n'êtes pas inscrit sur Le Monde ?

« Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros », d’Emmanuelle Fantin et Camille Zéhenne : tous les possibles mènent à Jean Baudrillard

Un parcours éthique et poétique dans l’œuvre du philosophe mort en 2007.

Par  (Philosophe et collaborateur du « Monde des livres »)

Publié le 05 février 2023 à 14h00, modifié le 08 juillet 2023 à 16h18

Temps de Lecture 2 min.

Article réservé aux abonnés

Le philosophe Jean Baudrillard, en 2000.

« Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros », d’Emmanuelle Fantin et Camille Zéhenne, préface d’Edgar Morin, MF, 176 p., 18 €.

Les jeux étaient faits, croyait-on. Jean Baudrillard (1929-2007), penseur mélancolique des triomphes du virtuel, observateur indiscipliné du devenir-image de toute chose, des objets du quotidien aux théâtres d’opérations militaires, paraissait lié au point de vue daté d’un certain regard postmoderne sur la société de l’information. Le voilà pourtant remis en jeu, littéralement. Deux jeunes autrices, Emmanuelle Fantin et Camille ­Zéhenne, jugent en effet, dans Le Livre dont Jean Baudrillard est le héros, que ­notre époque est « particulièrement propice » à la lecture de l’auteur de Simulacres et simulation (Galilée, 1981).

Au fil des lectures possibles

Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication d’un côté, artiste et écrivaine de l’autre, ces baudrillardiennes passionnées n’ont pas choisi de contribuer à une relecture de l’œuvre sur le mode de l’essai classique, à la différence, par exemple, du Remember Baudrillard, de Serge Latouche (Fayard, 2019) : elles investissent ici le format du « livre dont vous êtes le héros ». Adoptant le principe d’une structure narrative non linéaire issu de ce genre de la littérature jeunesse, le livre combine une série numérotée de 134 séquences, centrées le plus souvent sur une citation du théoricien, un épisode biographique ou un élément purement fictionnel. Le lecteur circule donc entre ces séquences en fonction de ses choix face aux alternatives qui lui sont offertes.

Quel est l’enjeu d’une telle construction ? Dans sa préface, le sociologue Edgar Morin salue le « mouvement de déréalisation et de déconceptualisation » de cet ouvrage, qui rend hommage à une pensée où « le réel et l’irréel se déversent l’un dans l’autre sans que l’un puisse se saisir à l’état pur ». D’entrée de jeu, nous pouvons d’ailleurs choisir de « devenir Jean Baudrillard » ou d’incarner son double, un certain Arthur Rivoire, sorte de Baudrillard passé à côté de lui-même. Les deux figures se croisent au fil des lectures possibles, et l’on pourra préférer se retrouver dans la peau de celui qui écrivait « Mes livres sont des scénarios », mais c’est l’ensemble des possibles et la ­réversibilité des situations qui font sens. Apprenant par exemple au numéro 5 que, « si le destin est implacable, c’est que vous n’avez pas su lui plaire », comme l’écrivent les autrices, nous saisissons la dimension éthique de l’aventure, qui concerne au fond une certaine manière de se tenir dans l’existence, face aux événements qui défient la raison.

Il vous reste 27.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture du Monde en cours sur un autre appareil.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.