Hausse des prix de l’énergie : le fournisseur d’électricité Mint Energie ciblé par une action de groupe

Après une première action en justice en novembre dernier à l’encontre de quatre opérateurs, l’association de consommateurs CLCV réitère avec une action de groupe contre Mint Energie. Elle reproche au fournisseur de ne pas avoir suffisamment communiqué sur les modifications de l’un de ses contrats, occasionnant un bondissement des tarifs.

Le Médiateur national de l’énergie a cette année eu à traiter, entre le 1er janvier et le 7 juin, environ 542 dossiers en lien avec Mint Energie. (Illustration) LP/Matthieu Turel
Le Médiateur national de l’énergie a cette année eu à traiter, entre le 1er janvier et le 7 juin, environ 542 dossiers en lien avec Mint Energie. (Illustration) LP/Matthieu Turel

    En ces temps troubles de flambée des prix de l’énergie, ce type d’action risque de se multiplier. La CLCV (Consommation, logement et cadre de vie) lance une action de groupe à l’encontre de Mint auprès du tribunal judiciaire de Montpellier (Hérault). Que reproche l’association de défense des consommateurs au fournisseur d’énergie ? D’avoir remplacé en novembre dernier de façon unilatérale une offre d’électricité indexée sur le tarif régulé de vente (TRV), fixée par les pouvoirs publics, par une autre offre, dénommée « Flex & Green ». Problème : les tarifs pratiqués par cette offre sont directement indexés, eux, sur la moyenne mensuelle du marché de gros.

    Tant que ces derniers demeuraient stables, et relativement bas, cela pouvait éventuellement passer. Le problème, c’est que les prix de l’énergie ont littéralement explosé ces derniers mois, du fait de la reprise économique post-Covid et de la guerre en Ukraine. L’action de groupe contre Mint constitue le deuxième étage d’une fusée judiciaire commencée par la CLCV dès novembre 2021, avec une assignation en justice qui visait également trois autres opérateurs : ekWateur, GreenYellow (filiale de Cdiscount) et Ovo Energy.

    Entre 500 000 et 600 000 clients particuliers seraient concernés par des augmentations qui pouvaient atteindre entre 30 et 40 %. « Outre le fait d’alerter les ménages sur les risques qu’ils encourent avec certains fournisseurs, ces deux actions en justice permettront, en cas de décision favorable, à de nombreux particuliers d’être indemnisés à hauteur du préjudice financier qu’ils ont subi », explique François Carlier, le délégué général de la CLCV.

    Des litiges en hausse avec Mint Energie

    L’association de défense des consommateurs ne semble pas être la seule à avoir Mint Energie dans son viseur. Le Médiateur national de l’énergie, notamment, a lancé des discussions avec la direction du fournisseur pour « rechercher des solutions amiables à de nombreux litiges ». L’autorité publique indépendante a eu en effet à traiter, entre le 1er janvier et le 7 juin dernier, quelque 542 dossiers directement en lien avec Mint Energie, dont « un tiers environ concernait la question des évolutions tarifaires ». Soit, sur six mois, 240 litiges de plus que sur l’ensemble de l’année 2021.



    « Nous travaillons effectivement en collaboration avec le médiateur pour apporter une solution aux clients qui rencontreraient encore des difficultés avec leur contrat », reconnaît Sylvia Michiels, directrice marketing de Mint. Si le fournisseur revendiquait encore un portefeuille de 120 000 clients en février dernier (contre 150 000 en octobre 2021), la direction du groupe refuse néanmoins de préciser combien de clients seraient aujourd’hui encore concernés.

    Les pouvoirs publics surveillent de près la façon dont les fournisseurs d’énergie — d’électricité mais aussi de gaz — traversent la crise actuelle. « Nous n’avons pas attendu la crise de cet automne pour agir en faveur de la protection du consommateur face aux pratiques de certains fournisseurs, explique-t-on au ministère de la Transition énergétique. Notamment grâce au maintien du TRV électricité obtenu dès 2018, ou plus récemment avec la création du fournisseur de secours. » En cas de défaillance d’un fournisseur, EDF assure en effet que les ménages concernés ne se retrouvent pas plongés dans le noir.