« A son retour d’Afghanistan, il avait changé »

Syndrome post-traumatique

Me Laure BERGES KUNTZ expliquait que son client n’était pas un justiciable ordinaire mais un vétéran d’Afghanistan

Me Laure BERGES KUNTZ expliquait que son client n’était pas un justiciable ordinaire mais un vétéran d’Afghanistan

Vendredi 29 mai, la chambre pénale du tribunal judiciaire de Montauban avait à juger une affaire de violences conjugales peu ordinaire. En effet, l’auteur des actes de violence était un militaire qui souffre d’un syndrome de stress post traumatique en lien avec des faits de guerre, blessures invisibles contractées en Afghanistan.

L’avocat de la défense, Me Laure BERGES KUNTZ expliquait que son client n’était pas un justiciable ordinaire mais un vétéran d’Afghanistan qui s’était battu, comme de nombreux autres soldats français, loin de chez lui pour notre liberté et pour repousser l’islam radical.

Elle ne manquait pas de plaider que ces soldats de France s’y sont battus avec leur cœur, leur sueur et leur sang et que certains y ont laissé leur vie mais que nombre de ceux qui sont rentrés dans leur famille ont présenté sur plusieurs années un syndrome post traumatique plus ou moins sévère et bien trop souvent occulté par les militaires eux- mêmes qui ne veulent pas faire preuve de faiblesse et de lâcheté et continuent malgré l’évidence à nier leur pathologie en suivant des conduites addictives (alcool, drogue et violence)

Après avoir rappelé que la société actuelle est à bien des égards traumatique et que cette réalité s’inscrit même dans la crise sanitaire du COVID 19, Me Laure BERGES KUNTZ  développait en quelques mots le mécanisme du syndrome spécifique lié à des faits de guerre et l’historique de sa prise en compte, en rappelant le début de sa conceptualisation par les israéliens lors de la guerre des 6 jours, puis des américains après la guerre du Viêtnam et enfin par la France après le déploiement des militaires français en Afghanistan.

Elle demandait la plus grande indulgence pour son client, militaire plusieurs fois cité, ayant servi en Afghanistan en 2011 lorsque les combats furent particulièrement rudes et dont la pathologie l’a entrainé dans les abimes de l’alcool et la violence conjugale ainsi que la non inscription au casier judiciaire B2.

Le prévenu dans une posture digne et très respectueuse ne manquait pas de présenter de sincères excuses à son épouse, présente à l’audience.

Me Laure BERGES KUNTZ précisait  que seule une prise en charge  spécialisée de la pathologie post traumatique par des professionnels de santé spécialisés comme les psychiatres militaires de l’HIA Robert PIQUET de BORDEAUX permet à ces militaires d’espérer de retrouver une vie normale après un traitement au long cours.

Le tribunal a entendu les explications de la défense et a prononcé une peine d’emprisonnement de 6 mois avec sursis et a fait droit à la demande de non inscription au B2 .

Me Laure BERGES KUNTZ a considéré la décision équitable tout en rappelant que la société doit prendre en compte la souffrance de nos soldats auxquels elle doit reconnaissance tout en espérant que cette pathologie spécifique qui touche essentiellement les militaires qui reviennent de théâtres de guerre puisse être un jour considérée comme une cause d’irresponsabilité pénale car le discernement de l’auteur de telles violences est au moins altéré voire aboli dans ces moments terribles et a souhaité que la mise en place des fiches post opérationnelles permettent une prise en charge rapide de ces syndromes.