Reportage

«L’Ethiopie n’est plus un pays pour moi» : la confiance brisée des Tigréens d’Addis-Abeba

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Malgré le retour de la paix, les ressortissants du Tigré, raflés par dizaines de milliers pendant la guerre, restent traumatisés par les détentions arbitraires et les spoliations dont ils ont été victimes.
par Célian Macé, Envoyé spécial à Addis-Abeba
publié le 15 mars 2023 à 6h06

La guerre du Tigré est officiellement terminée. A Addis-Abeba, les échafaudages instables des centaines de chantiers de construction d’immeubles, à l’arrêt pendant deux ans, ont recommencé à vaciller sous le poids des ouvriers. Les vieux taxis Lada bleu et blanc dévalent en flot continu les pentes de la capitale la plus haute d’Afrique. Certes, les prix ont explosé (l’Ethiopie a connu une inflation moyenne de 34% depuis un an) et des dizaines de milliers de déplacés, fuyant les violences ou la misère, sont venus gonfler la population de la ville de 3,5 millions d’habitants. Les mendiants sont partout, se plaignent les riches Addissois. Mais la bourgeoisie se presse à nouveau dans les malls clinquants du quartier de Bole. Les jacarandas sont en fleur. Les amoureux arpentent au ralenti le nouveau parc de l’Unité, mal dissimulés par des arbustes maigrelets ceints de guirlande lumineuse.

«Tout le monde fait comme s’il ne s’était rien passé. Retour à la normale, fait un homme en claquant dans ses doigts. Mais ça ne marche pas comme ça. Ce n’est pas possible.» Sur le toit d’un bâtiment du centre-ville, il écrase sa cigarette, jette le mégot dans le vide du cinquième étage. «J’ai fait trois mois de prison pendant la guerre.» Il était employé d’

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