Coliques du nourrisson : conseils d'experts pour les soulager

Publié par Hélène Bry  |  Mis à jour le par Hélène Bouravec Dr Catherine Salinier, pédiatre à Gradignan (Gironde), ex-présidente de l’Afpa (Association française de pédiatrie ambulatoire) et Dr Gwenaëlle d’Acremont, pédiatre à Paris, membre de la SFP (Société française de pédiatrie) et de l’Afpa

Un bébé qui pleure, grimace et se tortille… Les coliques des nourrissons sont souvent impressionnantes. Quelles en sont les causes ? Comment les soulager ? Deux pédiatres livrent leurs infos et conseils.

Les experts : Dr Catherine Salinier, pédiatre à Gradignan (Gironde), ex-présidente de l’Afpa (Association française de pédiatrie ambulatoire) Dr Gwenaëlle d’Acremont, pédiatre à Paris, membre de la SFP (Société française de pédiatrie) et de l’Afpa

Elles nous inquiètent, ces fameuses coliques, qui font se tortiller et beaucoup pleurer le tout petit bébé ! Vraie pathologie, immaturité digestive ou besoin d’être beaucoup porté… Quelle que soit la cause, on veut pouvoir l’apaiser et le soulager ! Sachant que la plupart du temps, tout rentre dans l’ordre au bout de trois mois.

Un problème lié aux pleurs excessifs du bébé

Évoquez le problème des coliques du nourrisson avec un pédiatre, il vous parlera immanquablement des pleurs excessifs de certains bébés, et se penchera sur la relation de l’enfant avec sa maman ou son papa. Pourquoi ? Parce que tout ça est intimement lié. Énormément de parents consultent parce qu’ils s’inquiètent des coliques de leur nourrisson, qui se tortille et pleure beaucoup. « Ça concerne entre 10 et 40 % des patients, ce qui est énorme », estime la pédiatre Gwenaëlle d’Acremont. « Mais dans 80 % des cas, il s’agit de bébés qui veulent tout simplement les bras de leur maman ! », analyse la pédiatre Catherine Salinier. « La solution est donc de les prendre, de les câliner, de les garder près de soi, contre soi… Et tant pis pour le repassage… qui attendra ! » Ou alors on délègue à l'autre parent ou à un proche.

Prendre bébé dans ses bras : un remède parfois suffisant

Un bébé ne pleure pas, il crie. Cela ne veut pas dire qu’il est triste, ou qu’il a mal quelque part, notions négatives et inquiétantes contenues dans l’idée de “pleurer”. Ni même qu’il a forcément faim. Cela signifie qu’il appelle. « A un mois, un bébé n’a pas d’autres moyens de s’exprimer que de crier. Et dans 90 % des cas, cela veut juste dire “Maman, prends-moi dans tes bras !” ». Les bras et les câlins : s’il y a un remède que l’on peut administrer à tous les petits bébés du monde sans restriction, c’est bien celui-ci. « Le fameux attachement, censé vous donner confiance pour toute la vie, au départ, lorsque le bébé vient de naître, ce n’est pas psychique, c’est physique », insiste le Dr Salinier. « D’ailleurs, le congé maternité, quand on y réfléchit, n’est pas tant fait pour la mère, qui dans certains cas, si elle va très bien, pourrait presque reprendre son travail le lendemain. Il est fait pour le nourrisson, pour qu’il soit avec sa mère, s’attache à elle et réciproquement. »

Le témoignage de Laure-Anne : bouillotte et bras pour calmer bébé

« Léon se tortille tout le temps et son ventre est très dur. Du coup, je l’ai dans les bras toute la journée. Il a des coliques mais aussi un reflux, et la pédiatre suspecte une allergie aux protéines de lait de vache. Il est sous traitement anti-reflux, avec un lait hypo-allergénique et anti-régurgitations. Le fait de poser une bouillotte sur son ventre, après le repas, le soulage bien. Et on a commencé l’ostéopathie. »

Laure-Anne, 32 ans, maman de Léon, 1 mois, et Olivia, 22 mois.

Les coliques pathologiques : définition et solutions

En clair, explique la pédiatre Catherine Salinier, «environ 10 % des nourrissons souffrent de vraies coliques pathologiques. C’est-à-dire qu’à peu près 30 minutes après avoir bu son lait, le bébé a mal au ventre et se tord de douleur, car il a un problème de digestion du lactose. » Lié à l’immaturité du tube digestif du nourrisson, ce problème disparaîtra spontanément après 3 mois.

Que faire contre les coliques du nourrisson et comment soulager bébé ?

« Dans le cas précis de vraies coliques pathologiques, poursuit le Dr Salinier, la solution est, si le bébé est au biberon, de lui prescrire un lait avec moins de lactose pour supprimer la douleur ; et s’il est au sein et que la maman a une lactation très abondante, éventuellement de ne pas donner le premier lait très sucré, mais plutôt celui de fin de tétée. » On peut trouver des astuces, par exemple en tirant le premier lait très riche en lactose. « Cela peut être intéressant d’aller voir une consultante en lactation, qui pourra délivrer de précieux conseils à la maman », ajoute le Dr Salinier.

« Environ 10 % des nourrissons souffrent de vraies coliques pathologiques. »

Si le bébé pleure plus de 3 heures par jour, il faut consulter !

« En moyenne, à six semaines de vie, un bébé pleure 1 heure 48 minutes par jour au total, ce qui est tout à fait normal », explique le Dr d’Acremont. « Mais lorsqu’un bébé pleure plus de 3 heures par jour, trois jours par semaine, pendant trois semaines, c’est excessif et tellement éprouvant pour les parents : il faut aller voir ce qui se passe », ajoute la pédiatre Catherine Salinier. En effet, « des cris de bébé, ça s’analyse médicalement : si c’est avant ou après le repas, si c’est le jour ou la nuit… », poursuit le Dr Salinier. « Le pédiatre vérifiera que ce n’est pas une cause clinique, organique », ajoute le Dr d’Acremont. Comme un “vrai” reflux gastro-œsophagien, qui brûle l’œsophage du bébé et qu’il faut soigner.

Aider les parents et les déculpabiliser

Il faut que les parents désemparés face aux pleurs de leurs bébés en parlent, acceptent d’exprimer leurs sentiments et demandent de l’aide. « Le rôle du pédiatre est très important pour réassurer les parents », poursuit la pédiatre. « J’ai vu des parents arriver les épaules complètement rentrées, car tellement stressés, et sortir de la consultation beaucoup plus tranquilles, libérés, leur bébé allant un peu mieux. Petit à petit, ils prennent un peu plus de recul face aux pleurs, et le bébé, qui est en fusion avec l’émotion de la mère, sent que cette émotion devient moins forte, moins violente, et il aura moins mal au ventre ! »

« Le rôle du pédiatre est très important pour réassurer les parents »

Les conseils nos experts pédiatres, pour apaiser les coliques du nourrisson

Quatre conseils du Dr Salinier, pédiatre, pour calmer les coliques

  • La première chose, c’est de prendre son temps lorsqu’on nourrit son bébé. Un biberon, ça ne doit pas être “descendu” en 10 minutes, il faut plutôt 20 bonnes minutes. D’ailleurs, les tétées au sein durent souvent longtemps.

  • Après le repas, il est bon de garder le bébé dans les bras un peu à la verticale, au lieu de le reposer tout de suite dans son lit.
  • Il faut chauffer les biberons. Le lait maternel est à 37 °C, ça semble donc une bonne température !
  • Enfin, on ne se précipite pas sur un lait anti-coliques dans les rayons de la pharmacie : un lait, c’est une prescription médicale du pédiatre.

Les conseils anti-colique du Dr Gwenaëlle d’Acremont, pédiatre

  • Aller voir le pédiatre pour une réassurance des parents.

  • Beaucoup porter le bébé : dans les bras, sur l’avant-bras en “faisant l’avion”, ou dans la position du “Petit Bouddha” contre nous, ou essayer l’écharpe de portage.
  • Veiller à laisser sa place au père, favoriser le peau à peau.
  • Parfois, quand les pleurs ne cessent pas, aller faire un petit tour dehors avec l’enfant.
  • Essayer la phytothérapie, avec la Calmosine par exemple. Ou, si on allaite, le Julep Gommeux, une préparation prescrite par le pédiatre à base d’eau de chaux et de gomme arabique. Certains pédiatres prescriront des probiotiques.

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