Et s’il faisait de l’anémie ?

Publié par Antoine Blanchet  |  Mis à jour le par Antoine Blanchet

Votre enfant est pâlichon, fatigué et enrhumé ? Et s’il était anémié ? Un trouble très fréquent chez les enfants de moins de 2 ans. Le point sur cette carence en fer.

Comment reconnaître les signes et symptômes de l'anémie chez l'enfant ?

Il manque souvent d’énergie, a peu d’appétit, enchaîne bronchites sur rhinopharyngites, a le souffle court, le cœur qui bat, voire des vertiges. Il a une petite mine, des conjonctives, les ongles fins et cassants. Enfin sa courbe de croissance n’est pas fameuse.

Tous ces signes peuvent traduire une carence en fer, un constituant essentiel de l’hémoglobine, la protéine des globules rouges qui assure le transport de l’oxygène sanguin des poumons jusqu’à chacune de nos cellules. Ces symptômes ne sont pas obligatoirement tous présents et leur intensité et association dépendent de l’importance et la durée de la déficience, et, plus grave, de la carence ou anémie. Celle-ci se définit, en effet, par une diminution de la masse des globules rouges ou de la concentration de l’hémoglobine.

Pourquoi bébé manque de fer ? Les différents types d’anémie chez le jeune enfant

Il existe plusieurs types d’anémie : les plus courantes, et de loin, chez les enfants de moins de 2 ans, sont celles dues à une insuffisance d’apport en fer dans l’alimentation.

D’autres carences sont dues à des pertes ou destruction des globules rouges. Par exemple, un bébé qui souffre de diarrhées chroniques ou d’œsophagites par reflux gastro-œsophagien peut perdre du fer, à cause d’une malabsorption intestinale ou d’une hémorragie digestive.

D’autres, enfin, sont le résultat d’une anomalie dans la moelle osseuse ou de leur hémoglobine (comme la thalassémie, fréquente dans le bassin méditerranéen). Ces dernières peuvent être des maladies d'origine génétiques et être liées à des antécédents familiaux. Les bébés prématurés peuvent aussi être plus à même d'être impactés par l'anémie. En effet, une quantité de sang trop importante peut avoir été prélevée lors d'analyses après l'accouchement.

D'importants besoins en fer chez les bébés

La fréquence de cette carence chez les bébés est due essentiellement aux besoins en fer très importants pour leur croissance. Le volume de leur cerveau double entre la naissance et 6 mois, triple entre la naissance et 2 ans et atteint celui de l’adulte vers l’âge de 5 ans. En trois ans, ils quadruplent leur poids de naissance et, bien entendu, leur masse sanguine !

De plus, après les quatre à six premiers mois de vie, ils ont épuisé les stocks de fer légués par leur maman. Cela explique d’ailleurs que les bébés nés nettement avant terme en manquent encore plus que les autres. Résultat : rapportés à leur poids, les besoins en fer de tous les bébés sont environ huit fois plus importants que ceux des adultes.

Risques et conséquences de l'anémie : une menace pour la croissance et le développement

Les conséquences pour le développement de l’enfant sont variables selon l’importance du déficit. Le fer est indispensable à la bonne irrigation de tous les tissus et organes (en particulier du cerveau) et aussi à la vitalité des globules blancs chargés (défense contre les infections).

Ainsi au départ, l’enfant peut avoir des symptômes diffus comme une fragilité au froid, la tendance à faire de nombreuses infections ORL et bronchiques, la fatigue. A terme, sa croissance, physique, psychomotrice, voire ses performances intellectuelles peuvent en pâtir.

Prévenir l’anémie du bébé, avant et pendant la naissance

D’abord, durant la grossesse, la mère doit avoir un apport en fer suffisant par l’alimentation ou des sels de fer médicamenteux, afin que le bébé puisse constituer des stocks.

Ensuite, au moment de la naissance, on préconise de ne pas ligaturer trop tôt le cordon ombilical pour laisser le temps aux globules rouges du placenta de passer dans le cordon et de profiter au bébé.

Sa garantie « fer » de base : du lait infantile

Le lait maternel contient peu de fer, mais une protéine spécifique : la lactoferrine. Elle permet une absorption du fer (de 50 à 70%). Tant qu’il est au sein, le bébé n’en manquera pas.

D’où l’intérêt, s’il n’est pas allaité, de lui donner à boire des formules lactées infantiles, 1er âge, puis des desserts lactés et des laits de croissance, tous supplémentés en fer. Après 6 mois, un apport minimum de 500 ml de ces laits par jour couvre 70 % de ses besoins en fer. Soit l’équivalent en fer de 9 litres de lait de vache ordinaire.

Viande et poisson : les aliments riches en fer le plus facile à assimiler

Rapidement, l’enfant a besoin d’autres aliments que le lait pour satisfaire ses besoins en énergie, oligoéléments, minéraux et donc fer. Pour lui assurer le milligramme dont il a besoin globalement chaque jour, il faut que son alimentation lui en apporte au moins 10 mg. Encore faut-il qu’il soit absorbé en quantité intéressante par l’organisme, c'est-à-dire « biodisponible ».

Le meilleur, de ce point de vue, est le fer, dit « héminique », apporté par la viande et le poisson. L’intestin en absorbe 25 à 30% de la quantité ingérée. Autre avantage : ce bon pourcentage d’absorption n’est pas modifié par la composition des repas.

Du fer aussi dans les fruits, légumes et céréales

Les autres sources alimentaires sont les céréales, légumes secs et légumes verts, produits laitiers et œufs qui sont des aliments riches en vitamines. Malheureusement l’intestin grêle ne conserve qu’une faible quantité de ce fer « non-héminique » (autour de 5%), plus fragile. En effet, si son absorption est améliorée par la vitamine C des fruits et légumes crus, les protéines des viandes et poissons, elle est diminuée, voire inhibée par les fibres (comme le son), le calcium, le zinc, l’albumine du blanc d’œuf.

Comment traiter l'anémie chez le nourrisson : le médicament anti-anémie à base de sels ferreux

Lorsque le médecin a diagnostiqué une anémie chez l’enfant, il prescrit du fer sous la forme de sels ferreux en poudre. Il faut en respecter la durée de traitement (au moins trois mois), la posologie et les règles d’utilisation.

Ce complément en fer est à prendre si possible à jeun, en association avec de la vitamine C et non avec des traitements pour reflux gastro-œsophagien qui empêchent son absorption.

Sujets associés