Environnement

COP15 sur la biodiversité à Montréal : la conférence de la décennie pour éviter la 6e extinction de masse des espèces

COP15 sur la biodiversité à Montréal : la conférence de la décennie pour éviter la 6e extinction de masse des espèces. Photo d'illustration.

© Getty Images

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Par Pascale Bollekens

C’est une COP sur la biodiversité qui va rassembler, à Montréal, des scientifiques, des représentants de la société civile, et les négociateurs de 196 pays différents. Elle aurait dû avoir lieu en Chine en 2020 mais crise du Covid, guerre en Ukraine et crise énergétique obligent, elle a été reportée et finalement déplacée au Canada.

Elle se passe dans une période charnière, une décennie décisive si on veut conserver des conditions de vie soutenables pour l’humanité. Comme en 2015 à la COP21 pour le climat à Paris, elle pourrait déboucher sur des décisions historiques pour arrêter cette perte incessante de diversité biologique.

Déborah Van Tournhout, la porte-parole du WWF Belgique l’affirme : "C’est une conférence importante car elle vise à établir un nouveau cadre mondial pour la biodiversité pour les 10 prochaines années. Le cadre va définir les ambitions et les actions qui auront un impact direct sur la nature. Les scientifiques et les organisations de défense de l’environnement sont sur la même longueur d’onde, d’ici 2030, 30% des terres et des océans, mais aussi des eaux douces de la planète comme les lacs ou les rivières doivent être efficacement protégés pour que les écosystèmes restent stables."

Aujourd’hui, selon certains experts, seuls 17% des terres et de 8 à 10% des mers, le seraient.

Et la porte-parole du WWF de poursuivre, "Les 70% restants doivent être gérés et restaurés de manière durable en s’attaquant aux causes de la perte de nature."

Un bilan catastrophique pour la biodiversité

Dans le dernier rapport "Planète vivante " de 2022 du WWF, les chiffres parlent d’eux-mêmes : on assiste à une perte massive de 69% dans les populations de vertébrés au cours de ces 50 dernières années.

Entre 86 et 150 millions de tonnes de plastique se sont accumulés dans les océans et le rythme s’accélère. Chaque année, nous perdons environ 10 millions d’hectares de forêt, soit la superficie du Portugal, et plus de 43 millions de forêts tropicales ont été déboisées ces 20 dernières années.

Selon un récent rapport de l’ONU, une personne sur 5 dépend des plantes sauvages, des algues et des champignons pour se nourrir. L’UNEP (le programme des Nations-Unies pour l’environnement estime qu’un tiers de la production alimentaire mondiale dépend des pollinisateurs (abeilles,…) qui assurent la pollinisation de trois quarts de nos cultures.

L’IPBES (le GIEC de la Biodiversité), l’affirme si on ne fait rien, près d’un million d’espèces pourraient avoir disparu d’ici la fin du siècle.

Protéger la biodiversité est devenu une urgence qui nous concerne toutes et tous, cela aura un impact sur nos moyens de subsistance et nos économies.

Financer la protection de la biodiversité, un enjeu

Comme à la COP27 sur le climat, l’enjeu sera aussi financier, il faudrait mettre en place un plan de financement international pour protéger la biodiversité. Et comme pour le climat, la question divise les pays riches où l’environnement se dégrade et les pays plus pauvres, où se trouvent les espaces naturels les plus riches en diversité biologique et qui ne participe pas à cette grosse empreinte écologique.

La porte-parole du WWF Belgique est claire : "Nous demandons aux pays riches d’augmenter les financements y compris les financements publics internationaux vers les pays du Sud. Il faut aligner ces flux financiers publics et privés pour privilégier des pratiques qui soient favorables à la nature et reconvertir les subventions de pratiques qui ont des effets néfastes sur la nature (comme pour les pesticides ou pour les énergies fossiles par exemple). Il y a un déficit de 700 milliards de dollars par an pour financer la biodiversité mondiale. Qui acceptera de payer ? C’est tout l’enjeu."

L’inaction coûte plus cher que l’action, conclut-elle.

L’objectif de la conférence est d’inverser la courbe de perte de la nature d’ici la fin de la décennie. La Belgique va devoir aussi prendre des mesures pour atteindre ces objectifs mondiaux. Elle doit élaborer une stratégie et mettre en œuvre un plan d’action national, pour inverser la courbe au niveau local mais aussi dans les zones d’approvisionnement à l’étranger d’ici 2030. Et cela demandera des moyens.

Au niveau européen, une nouvelle législation sur la restauration de la nature est sur les rails avec de futurs objectifs contraignants pour les États membres. De quoi ramener de la nature sur notre vieux continent.

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