Après deux ans de pandémie de Covid-19 et la quasi-mise à l’arrêt du trafic aérien en Europe, l’actualité, sociale entre autres, des compagnies et des aéroports ne manque pas. En avril dernier, les prévisions du contrôleur aérien Eurocontrol tablaient sur un nombre de vols dans l’espace aérien, d’ici à l’été, proche de 90% du niveau de 2019, avant la pandémie de coronavirus.
Les voyageurs sont de retour donc. Mais du côté du personnel, après avoir mené des plans de départ à tour de bras pour traverser la pandémie, les entreprises du secteur rencontrent aujourd’hui de grandes difficultés pour recruter, accentuant la pression sur des salariés qui peinent à suivre la cadence.
"On s’y attendait. Depuis le début de la crise de 2020, on avait dit que la reprise serait catastrophique", explique Didier Lebbe, secrétaire permanent CNE. Et il ajoute que tout ce qui a été "imposé sous la contrainte" (de nouvelles conditions de travail, ndlr) pendant la crise sanitaire "ne fonctionne pas". "Il y a beaucoup de membres du personnel qui sont partis et pour recruter, c’est difficile puisque le métier est de moins en moins attractif". Toujours selon la CNE, le personnel restant est actuellement sous pression et la fatigue est déjà présente alors que la période estivale est à nos portes.
Du côté de l’ETF (la Fédération européenne du Transport), on parle d’un problème structurel très grave dans le secteur aérien. "Et je ne pense pas que l’on puisse régler ces problèmes avec des mesures à court terme", constate Livia Spera, secrétaire général de l’ETF. Cette spécialiste estime que les conditions de travail dans tout le secteur se sont dégradées ces dernières décennies avec "la libéralisation, le modèle de low cost qui s’est répandu aux lignes traditionnelles". Au final, dit-elle, les métiers sont devenus plus pénibles, moins bien payés et moins attractifs qu’il y a 20 ans.
Quand la crise sanitaire est arrivée "Nous, on avait dit : il ne faut pas licencier", ajoute Livia Spera. "D’autant plus que beaucoup d’entreprises dans le secteur aérien ont bénéficié d’aides d’Etat et de subsides pour faire face à la crise. On avait dit : il faut lier les aides et les subsides à l’emploi".