L'"European University Institute" (EUI) a publié ce jeudi son "Media Pluralism Monitor 2020", son monitoring du pluralisme des médias.
C’est la troisième édition d’une vaste étude compilant des données sur les médias et sur le travail des journalistes dans tous les Etats membres de l’Union européenne et dans certains états candidats à l’adhésion.
Ces données relatives à vingt indicateurs sont rassemblées et analysées par une centaine de chercheurs d’universités européennes. En Belgique, c’est un travail qui a été réalisé par la KULeuven.
Le résultat jauge le niveau de plusieurs risques sur les médias et les journalistes en Europe. Il mesure certaines menaces actuelles sur la diversité du paysage médiatique et sur le travail journalistique.
La version 2020 est interpellante à plusieurs égards. Elle confirme les tendances observées dans les deux éditions précédentes et montre que certaines s’accentuent.
De plus en plus de harcèlement
"Les menaces et le harcèlement sont de plus en plus fréquents sur internet et en particulier à l’égard des femmes journalistes. On observe aussi une certaine normalisation des menaces de la part de politiques envers des journalistes, alors qu’ils devraient être ceux qui garantissent aux journalistes, au contraire, un environnement de travail propice", constate Pier Luigi Parcu, directeur du "Center for Media Pluralism and Media Freedom" de l’EUI.
Une virulence problématique, dit-il, puisqu’elle peut "affecter la liberté d’expression des journalistes et la possibilité de poursuivre leur travail sans heurts".
Mais ces pressions ne sont pas exclusivement virtuelles.
Le rapport rappelle que l’Europe a été le théâtre d’assassinats de journalistes ces dernières années, celui de Daphne Caruana Galizia à Malte en 2017, les assassinats de Jan Kuciak and Martina Kušnírová en Slovaquie, de Lyra McKee en Irlande du Nord et de Viktorija Marinova en Bulgarie.
Un modèle économique fragilisé
Aujourd’hui, rappelle le Monitoring, tout le modèle économique des médias traditionnel a été fragilisé partout en Europe, avec un glissement important de recettes publicitaires des médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite) vers internet.