Une étude confirme le risque infectieux du Covid-19 dans l’air expiré

Publié le par Johanna Amselem

Des chercheurs de l’Université américaine du Nebraska viennent de prouver que le virus contenu dans l’air expiré par des patients est sans doute infectieux. Des résultats qui doivent encore être validés par la communauté scientifique.

C’est une découverte plutôt inquiétante concernant la propagation de l’épidémie de Covid-19. Pour la première fois, des chercheurs sont parvenus à démontrer que des particules viralesen aérosols étaient suffisamment intactes pour se répliquer et provoquer une infection. 

Des chercheurs de l’Université du Nebraska ont répliqué des particules du Sars-Cov-2 prélevées dans le chambre de patients souffrant de la maladie. Si on sait déjà que la maladie se transmet via les gouttelettes expulsées par la toux ou les éternuements, cette découverte prouve cette fois que la contamination peut également se faire par les gouttelettes rejetées dans l’air quand une personne parle ou même respire. Légères, ces gouttelettes restent longtemps en suspension dans l’air en l’absence de ventilation. Ces conclusions ont été mises en ligne sur le site medrxiv.org.

Valider la méthode

Pour le moment, ces premiers résultats sont préliminaires et n’ont pas encore été validés par la communauté scientifique. Cette dernière devra confirmer la validité de la méthode utilisée par les chercheurs. Selon l’auteur principal de cette étude, sa précédente recherche portant sur la présence du virus dans l’air de la chambre d’hôpital des patients devrait être prochainement publiée dans une revue scientifique.

Concernant cette étude, Joshua Santarpia, professeur au centre médical de l'université du Nebraska, a expliqué que la méthode pour collecter des particules virales dans l'air, à l'aide d'un appareil de la taille d'un téléphone portable, n’était pas simple à mettre en place. "Les concentrations sont faibles, on a généralement peu de chances de récupérer des échantillons utilisables". Afin de parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont prélevé de l’air dans les chambres de cinq patients alités, 30 centimètres au-dessus de leurs pieds. Les scientifiques ont réussi à collecter des microgouttelettes de moins de cinq microns de diamètre contenant du virus, et même de moins d'un micron.

"Il y a du virus infectieux dans l'air"

Ensuite, les scientifiques ont isolé le virus puis l’on placé dans un milieu spécial afin qu’il se réplique. Les chercheurs sont parvenus à se faire répliquer trois des dix-huit échantillons venant de gouttelettes d’un micron. "Il se réplique en culture cellulaire et est par conséquent infectieux", assure Joshua Santarpia.

Et de poursuivre ensuite : "Le débat est devenu plus politique que scientifique, je crois que la plupart des infectiologues s'accordent à dire que la voie aérienne est une composante de la transmission, bien que nous débattions encore de son importance". Citée par de nombreux médias, la professeure Linsey Marr, spécialiste de la transmission aérienne des virus, a commenté sur Twitter que cette étude présentait "des preuves solides". Et d’ajouter : "Il y a du virus infectieux dans l'air. Reste à savoir quelle quantité il faut respirer pour être infecté".

Si au début de l’épidémie mondiale de Covid-19, cette transmission par voie aérienne était considérée comme impossible, de nombreux scientifiques ont depuis revu leur copie. A commencer par l’Organisation mondiale de la Santé. Le 7 juillet dernier, elle concédait qu’une transmission par l’air n’était finalement pas à exclure. "Nous reconnaissons que des preuves émergent dans ce domaine et par conséquent nous devons être ouverts à cette possibilité, et comprendre ses implications", avait ainsi déclaré Benedetta Allegranzi, une responsable de l’OMS, lors d’une conférence de presse à distance. Dans une lettre publiée dans la revue Oxford Clinical Infectious Diseases, plus de 200 scientifiques internationaux avaient exhorté l’OMS et la communauté médicale internationale à "reconnaître le potentiel de transmission aérienne du Covid-19". Pour le moment, la contamination directe reste toutefois la voie principale de contagion.