L’ADN du désir : comment naît l'attirance physique ?

Publié par Marine Nugeron  |  Mis à jour le par Manon Duran Experts : Jacques Diezi, professeur au département de pharmacologie et toxicologie de l’université de Lausanne & Jean-Pierre Ternaux, neurobiologiste au CNRS

Hasard ou destin ? Œdipe ou odeurs ? Chimie ou alchimie ? De quoi est fait le désir et peut-on le contrôler ? Plongée dans le métabolisme de l’amour.

Sur le papier c’est le/la partenaire idéal(e) mais voilà, vous ne ressentez rien. A l’inverse, il/elle n’est pas du tout votre style, vous n’assumez pas complètement le désir que vous éprouvez pour cette personne, mais c’est ainsi : une force vous attire irrésistiblement et physiquement vers elle. Comment est-ce possible ? Découvrons les lois de l’attraction.

C’est naturel : l’attirance sexuelle est une question de biologie et de chimie

Ici, on n'est maître de rien. Ce sont les désirs irrépressibles qui s’expriment.

  • Les phéromones agissent comme des messagers entre les individus, elles créent en partie l’attirance physique. Libérées par la peau, la sueur, la salive, ces hormones informeraient les êtres humains se trouvant dans notre périmètre de notre disposition à nous reproduire (selon notre compatibilité et notre fertilité).
  • Les hormones suivent, et de nombreuses zones du cerveau s’activent et sécrètent dans le corps de la dopamine (motivation), de l’endorphine (plaisir, euphorie), de la sérotonine (bien-être) et de l’ocytocine (attachement). Cette dernière est une bonne copine car, comme l’explique le docteur Paul Zak, en plus d’expliquer le contact physique elle réduit aussi le stress cardiovasculaire et améliore notre système immunitaire. Tout ça associés aux pics de libération des hormones sexuelles (œstrogènes et testostérone), et l’envie est là.

  • Le côté survie de l’espèce qui, comme le dit Jean-Pierre Ternaux, neurobiologiste au CNRS, échappe au raisonnement, fait que nous sommes plus attirés par des gens possédant un système immunitaire différent du nôtre. Le but est de favoriser la complémentarité entre notre capital génétique et celui de l’autre. Malin, mais attention : un bon géniteur (une bonne génitrice) n’est pas forcément un bon amant (une bonne maîtresse), ou un bon parent !
  • La zone cérébrale responsable du jugement est en veille au moment où l’on tombe amoureux. Ceci explique cela !
  • Un patrimoine génétique : notre histoire est inscrite dans nos gènes et nous programme d’une certaine façon. C’est cela qui expliquerait le fameux phénomène de "l’amour dure trois ans". En effet, une fois la reproduction assurée, nous avons une sorte de programmation pour assurer le développement de l’enfant jusqu’à son autonomie. Cette période est à peu près de 3 ans… Ensuite, plus rien ne force les parents à rester ensemble. La génétique laisse alors place au psychique avec la construction du couple et d’une autre forme d’attachement lié à la raison.

Mais alors, la plastique n’aurait rien à voir là-dedans ? La ressemblance avec un parent non plus ?

C’est culturel : l’amour est une question de goût et d’alchimie

"Analyser l’amour et les désirs en termes d’imagerie cérébrale est encore impossible, mais oui, on commence déjà à observer comment le corps réagit. Toutefois, l’amour s’inscrit dans le contexte social, celui des émotions, des fantasmes et des miracles, c’est tout cela qui entretient le mythe", conclut Jacques Diezi, professeur au département de pharmacologie et toxicologie de l’université de Lausanne.

Car nous ne sommes pas des animaux comme les autres et nous avons mis derrière le mot "amour" plein d’autres concepts. Ainsi, il ne s’agit plus uniquement du désir érotique lié à nos instincts primaires, on n’exprime plus simplement son animalité mais bien son humanité. Et là, c’est toujours le grand mystère. On aime pour des tas de raisons que l’on ignore.

Il y a des facteurs psychosociologiques (religion, éducation, modèle parental), mais c’est aussi une question de timing : à un moment donné deux projections/besoins s’emboîtent bien, et cela crée l’amour, le couple.

Parfois, c’est un simple  geste, une attitude, une façon de se tenir ou de passer la main dans ses cheveux, qui nous rappelle les images que l’on a associées au désir tout au long de notre vie, celle d’un premier amour, une vague ressemblance avec le père ou la mère, ou de simples réminiscences de fantasmes enfantins. Il ou elle représente ce que l’on recherche à un moment T, et alors le désir, prérequis à l’amour physique, cède la place à des sentiments, à l’amour tout court.

Désir ou amour ? Vous le saurez un jour !