Après l'accouchement : bien vivre les suites de couches et le retour à la maison

L'allaitement, un anti-sexe ou un booster de libido ?

Publié par Marine Nugeron  |  Mis à jour le par Manon Duran

Des seins plus gros qu'à l'accoutumée, gorgés de lait et souvent dénudés... L’allaitement excite parfois le désir. Pourtant, les femmes qui allaitent connaissent généralement une baisse de libido. Alors, qu'en est-il vraiment ? Le fait de donner le sein (r)éveille-t-il l’instinct sexuel des amants ou produit-il l’effet inverse ? 

Si l'allaitement a un côté très charnel, il renvoie aussi à la maternité et à la paternité. Ici encore plane le syndrome de la mère et de la putain ou du père et de l’amant. Ce sont des rôles différents. Certains.es parviennent à mêler les deux, d’autres pas. Et il y en a aussi pour qui cela semble ne pas changer grand-chose.

En dehors de ces aspects psychologiques, il y aurait aussi des éléments chimiques ou physiques pouvant expliquer une influence de l’allaitement sur la libido des partenaires. Alors, quels sont-ils ? L’allaitement : booster ou anti-sexe ? On a démêlé le faux du vrai.

Pourquoi allaiter peut être un frein à la sexualité ?

Pour la plupart des femmes, la période post-accouchement ne stimule pas le désir sexuel et ce pour diverses raisons. D’abord, c’est chimique : la prolactine, une hormone dont la sécrétion augmente pour déclencher l’allaitement, joue défavorablement sur l’appétence sexuelle (plus elle est élevée moins on a envie de faire l’amour, un mécanisme inhibiteur sur le désir sexuel). Puis, les jeunes mamans sont très/trop focalisées sur l’aventure de la maternité ou trop absorbées par le nouveau-né pour penser au sexe.

Enfin, elles sont parfois hypersensibles physiquement, et cela n'est pas forcément agréable pendant l'amour. Pour certains hommes, cela n’est pas évident non plus. Les femmes apprécient qu’ils fassent preuve de compréhension car cela n’a rien à voir avec l’amour qu’elles ont pour eux, simplement c’est un temps dont elles ont besoin pour elles-mêmes, pour apprécier sous un autre angle leur féminité. Le désir revient tout aussi naturellement plus tard. Ce que confirme Evelyne, mère de deux enfants devenus grands :

Pour moi, pas booster du tout ! Parce que j’étais happée par mes bébés. Ces moments de tétée étaient très sensuels, et cette sensualité me détachait justement de la sexualité. D’ailleurs, les papas peuvent souffrir de ces périodes d’allaitement : c’est un rapport charnel entre la mère et le nourrisson. L’homme en est malheureusement un peu exclu. Et puis, physiquement, le corps n’est pas complètement remis de l’accouchement, donc non, je n’avais pas envie de sexe pendant ces périodes de ma vie.

Éva aussi a noté une certaine distance de son partenaire : "C’est vrai que c'est beaucoup de temps sans le papa", explique-t-elle. En effet, un nouveau-né tétant 8 à 12 fois par 24 heures pendant environ 30 minutes, cela correspond à 4 à 6 heures de la journée pendant lesquelles la maman est occupée. Ça laisse en effet moins de temps pour l’autre, sans compter tout le reste : couche à changer, bain à faire prendre, etc.

Pour Cathy aussi, l'allaitement est anti-sexe : "Si on te touche les seins, il y a du lait qui sort, parfois comme des missiles, je ne vois pas en quoi ça booste le désir", s’amuse-t-elle. Et ce n’est pas Céleste, jeune maman de 34 ans, qui la contredira : "Il n’y a pas de plaisir, voire des douleurs au toucher, donc c’est en fait limité en sexitude".

Pourquoi allaiter éveille le désir sexuel ?

Cela renvoie à une forme d'animalité : parmi la dizaine de personnes interrogées, quatre ont répondu qu’ils/elles trouvaient cela stimulant. Parce que les seins sont plus gros, sexys, et parce que des jeux sexuels naissent parfois entre les amants autour de l’allaitement.

Céleste, toujours sans langue de bois, explique que cela peut booster la libido dans le sens où "tu te plais avec tes gros seins et ton homme apprécie encore plus".

Quant à Sarah et son mari, ils semblent carrément conquis par le potentiel sexe de l’allaitement :

Un jour on a commencé à faire des jeux sexuels pendant lesquels mon homme pressait mes seins et les tétait goulument tout en me faisant l’amour. J'ai vécu l'orgasme le plus intense de ma vie...

Pour Laurent, qui a lui aussi souhaité goûter au lait maternel et a visiblement aimé ça, c’est le moment où les seins grossissent, soit au début de la grossesse, qui est le plus aphrodisiaque pour un homme. Après vient surtout le temps de la maternité et de la paternité.

Marc, 40 ans, a trouvé sa place pendant l’allaitement : "Je trouvais ça beau. Elle, son corps arrondi et ses seins dénudés, et notre bébé, lové là, accroché à son téton rougi par tant de succions. Tout le plaisir était pour moi dans la contemplation de ce tableau".

Et si l'allaitement n'était ni un booster ni un frein à la libido

J’aime cette réponse très coluchienne ("ni pour ni contre, bien au contraire"), pour laquelle deux jeunes mamans et un papa ont opté. Pour eux, l'allaitement ne stimule pas la sexualité mais ne la tue pas non plus. Ce n'est pas mieux ou moins bien, juste différent...

Conclusion : si ça excite, c’est plutôt avant la naissance et l’allaitement que pendant, et plutôt en fantasme qu’en réalité. Car, une fois le bébé arrivé, la prolactine inhibe le désir de la maman qui est de toutes les façons, comme le papa (normalement), très absorbée par le nouveau-né.

Par ailleurs, les seins peuvent être sensibles voire douloureux en cette période de maternité, et le corps tout entier se remet de ses émotions. Donc, même si dans l’idée ça booste l’érotisme et la libido, dans les faits, les hommes et les femmes ont plutôt la tête ailleurs et ce pour des raisons chimiques, physiques, mentales et même logistiques. Mais bien sûr, il y a  comme toujours des exceptions à la règle !

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