Qu’est-ce que le vaginisme et comment en guérir ?

Publié par Elena Bizzotto et Hélène Bour  |  Mis à jour le par Mathilde Pujol

Chez certaines femmes, les muscles du vagin se resserrent au lieu de se détendre, rendant la pénétration difficile sinon impossible. Il est toutefois possible de tomber enceinte sans pénétration avec un vaginisme, comme le montre le témoignage ci-dessous. Quelles sont les causes, les origines et les conséquences du vaginisme ? Et surtout, quels sont les traitements possibles ? Réponses.

Le vaginisme est encore mal connu en France. Pourtant, c’est un trouble fréquent dans la population, et il existe des solutions pour le résoudre. On fait le tour de la question.

Définition : qu’est-ce que le vaginisme ?

La majorité des femmes risque de ressentir des douleurs pendant les rapports sexuels à un moment de leur vie. Mais pour un petit nombre d’entre elles, la raison est un réflexe musculaire involontaire appelé vaginisme. Il peut provoquer des douleurs pendant les rapports sexuels et les examens gynécologiques, voire une difficulté à insérer un tampon.

Une contraction involontaire des muscles entourant le vagin de la femme

En effet, lorsqu’on insère quelque chose dans le vagin, les muscles sont censés se détendre afin d’étirer l’ouverture vaginale. Pour les femmes souffrant de vaginisme, cette relaxation n’a pas lieu, au contraire il y a une contraction involontaire des muscles : ces derniers se resserrent, rétrécissant ainsi l’ouverture et rendant l’insertion ou la pénétration plus difficile et douloureuse, voire impossible.

Vaginisme : tomber enceinte sans pénétration, c’est possible

Atteinte de vaginisme depuis l’adolescence, Nicole Moore, une jeune femme britannique de 28 ans, est parvenue à tomber enceinte alors que les rapports avec pénétration étaient impossibles. Aujourd’hui mère d’une petite fille de 8 ans, l’heureuse maman a raconté son histoire pour le moins insolite à la presse en mars 2021.

Une pénétration impossible

“J’avais passé toute ma vie d’adolescente à ne pas pouvoir insérer un tampon, alors je savais que quelque chose n’allait pas”, a-t-elle raconté. Lorsqu’elle rencontre celui qui est aujourd’hui le père de son enfant, Nicole Moore n’a jamais eu de relation sexuelle. Du fait de son vaginisme, la pénétration est impossible. Malgré tout, le couple s’adonne à des jeux intimes, et la jeune femme finit par ressentir des symptômes de grossesse. Peu convaincue, elle fait un test, qui s’avère positif. Notons que si ce cas de figure est rare, il est néanmoins tout à fait possible, car du sperme ou du liquide séminal à proximité du vagin peut suffire à aller féconder un ovule présent dans les trompes utérines.

Une fois la grossesse confirmée, Nicole Moore s’est heurtée à une nouvelle difficulté : l’incompréhension des professionnels de santé lorsqu’elle évoquait son vaginisme, à tel point que son compagnon devait l’accompagner à chaque examen pour l’aider à expliquer sa situation au médecin. La jeune patiente raconte même s’être fait “envoyer promener” par une infirmière, qui n’arrivait pas à effectuer un toucher vaginal et refusait de croire à son vaginisme et à sa virginité.

À quatre mois de grossesse, Nicole Moore a fini par trouver un médecin bienveillant qui lui a officiellement diagnostiqué un vaginisme, et qui l’a aidé à le traiter. La jeune femme a notamment suivi une thérapie, et utilisé des dilatateurs vaginaux. À cinq mois de grossesse, elle a pu avoir son premier rapport avec pénétration.

Aujourd’hui, l’heureuse maman souffre toujours de vaginisme, mais dans une moindre mesure.

Quels sont les différents types de vaginisme ?

  • On parle de vaginisme primaire quand la douleur et les contractions musculaires ont toujours été présentes. Les femmes qui en souffrent n’ont jamais toléré aucun type de pénétration vaginale ;
  • Le vaginisme secondaire a lieu lorsqu’une femme n’a pas ressenti de douleurs lors de la pénétration au cours de sa vie, avant de souffrir de vaginisme. Dans ce cas, un événement traumatisant, un accouchement ou une infection peuvent déclencher les symptômes ;
  • Le vaginisme global, général ou total, signifie qu’une femme ressent de la douleur à chaque fois que quelque chose entre dans son vagin.
  • Enfin, le vaginisme situationnel concerne les femmes qui ressentent de la douleur pendant certains types de pénétration, par exemple, pendant les rapports sexuels, mais pas pendant un examen pelvien.

Le symptôme du vaginisme : une douleur à l’entrée dans le vagin

Le symptôme principal de ce trouble affectant la zone vaginale est une douleur intense quand quelque chose entre dans le vagin. La douleur est le plus souvent décrite comme une sensation de brûlure ou d’un déchirement. Après avoir ressenti cette douleur, la femme développe souvent une peur par anticipation, qui entraîne un cercle vicieux : les muscles du plancher pelvien se contractent par réflexe, avant même la pénétration.

Le vaginisme est un trouble sexuel à distinguer de la dyspareunie : ce trouble sexuel permet la pénétration, mais elle est douloureuse et difficile. Il se caractérise par une douleur à l’intérieur du vagin.

Quelles sont les causes possibles de ce trouble sexuel ?

Personne ne connaît la cause exacte du vaginisme, et il y a probablement de nombreux facteurs qui contribuent à ce trouble sexuel. Les points de suture après un accouchement, une vulvodynie, une mycose, infection grave et longue, d’interdits moraux et/ou religieux, d’une éducation stricte, d’une peur de la grossesse, une mauvaise expérience voire un traumatisme sexuel… tout ce qui peut concerner les capteurs de douleur peut être pointé du doigt.

Le vaginisme peut également se produire chez les femmes souffrant d’anxiété. « Un vaginisme peut entraîner la personne qui en souffre dans un cercle de difficultés où les douleurs déjà ressenties génèrent de l’angoisse à l’idée d’être pénétrée, ce qui renforce le réflexe de fermeture du périnée à l’origine des souffrances », indique le site Question Sexualité (source 1).

Il est également possible qu’il soit une réponse à la douleur au niveau de la vulve. La ménopause peut aussi jouer un rôle car la baisse du taux d’œstrogènes rend le vagin moins souple. Lorsque cela se produit, les muscles peuvent se contracter involontairement.

Comment lutter contre le vaginisme ? Quels traitements, solutions ?

Le vaginisme doit être traité le plus tôt possible afin de bloquer le cycle de la peur, conseille le site Health. Un médecin pourra exclure les infections et autres causes de douleurs vaginales.

« La prise en charge comprend généralement une sexothérapie et un travail physique personnel, le plus souvent accompagné par un kinésithérapeute spécialisé dans ce type de trouble », indique Question Sexualité.

  • Il existe des exercices qui aident à renforcer le plancher pelvien et à étirer les muscles. Le simple fait de se concentrer sur cette partie du corps et d’essayer de la détendre peut aider ;
  • Des exercices de relaxation mentale peuvent également être utiles afin de réduire la tension dans les muscles ;
  • Les analgésiques, les relaxants et les antidépresseurs sont parfois utilisés pour traiter le vaginisme, mais ces médicaments ne constituent qu’une aide à court terme.