Coronavirus : 3 choses à savoir sur les gels hydroalcooliques

Publié par Hélène Bour  |  Mis à jour le

Se laver régulièrement les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique est l'une des principales mesures pour se protéger du coronavirus à l'origine de l'épidémie de Covid-19. Encore faut-il que la concentration d'alcool dans les gels soit suffisante. Comment bien choisir sa solution hydroalcoolique ? Peut-on vraiment en fabriquer soi-même comme le suggère l’Organisation mondiale de la santé ? On fait le point.

L’utilisation de gel hydroalcoolique est, avec le lavage des mains à l’eau savonneuse, au coeur de la stratégie de lutte contre le coronavirus. A tel point que, en plein pic épidémique, le gouvernement avait fixé par décret des "prix plafonds" pour éviter que ces gels ne soient parfois vendus à "des prix inacceptables". En dépit de la fin de l'état d'urgence sanitaire (après 16 semaines), le prix des solutions hydro-alcooliques et des masques reste encadré jusqu'au 10 janvier 2021

Coronavirus : comment bien choisir et utiliser son gel hydroalcoolique ?

Reste à savoir comment bien choisir son gel. Car beaucoup de produits différents coexistent sur le marché.

Pour être sûr d’être bien protégé, avec une solution antimicrobienne efficace, il est conseillé de se fier à plusieurs critères, selon les recommandations de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), détaillées en 2009, dans le cadre de l’épidémie de la grippe A(H1N1)v.

Rechercher la norme NF

L’Agence recommande de privilégier avant tout les produits hydroalcooliques portant la norme NF EN 14476, car “la référence à cette norme indique que le produit a fait l’objet de tests démontrant son activité sur des virus nus (donc sur des virus plus résistants que les virus enveloppés)”. Cette norme est généralement bien visible sur l’emballage.

Opter pour un produit contenant 60 à 70% d’alcool

Outre la norme NF, l’idéal est de choisir une solution ou un gel hydroalcoolique à base d’alcool éthylique (ou éthanol) ou d'alcool propylique (propane-1-ol ou n-propanol) ou d'alcool isopropylique (propane-2-ol ou isopropanol) dont la concentration optimale est compriseentre 60% et 70%, ou à une concentration comprise entre 520 et 630 mg/g. Cette concentration en alcool doit figurer visiblement sur l'étiquetage, assure l’ANSM.

Notons par ailleurs que certains gels hydroalcooliques, notamment ceux vendus sur internet, contiennent encore du triclosan, un agent antibactérien perturbateur endocrinien avéré, qui peut toutefois encore se rencontrer à une concentration de 0,3% dans le produit fini. 

La Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF) a déjà rappelé une grande quantité de gels et de solutions hydroalcooliques pour leur inefficacité antibactérienne et antivirale. Le 18 mai, elle rappelait les gels "Hand Sanitizer" de la marque Symex. Lundi 29 juin, elle rappelaiy les gels "Hygienizante" de la marque On Demox. 

Depuis le 31 mai, la DGCCRF oblige tous les produits dits "hydroalcooliques" à faire figurer le taux d’alcool exact dans leur composition.

Une friction soigneuse de 30 secondes

Dans tous les cas, l’ANSM rappelle que ces produits sont à utiliser sur des mains visiblement non souillées, et qu’il est crucial de respecter un temps de friction d’au moins trente secondes jusqu’à l’obtention de mains sèches.

Des recommandations qui vont de pair avec celles de l’OMS, qui précise qu’aucune partie des mains ne doit être oubliée. On veillera ainsi à bien se frictionner le dos des mains, la paume, les pouces, les espaces interdigitaux et le dos des doigts, comme le montre la vidéo ci-dessous.

Gel hydroalcoolique anti-Covid-19 : peut-on vraiment en fabriquer soi-même ?

C’est l'Organisation mondiale de la santé (OMS) elle-même qui a dévoilé en ligne les ingrédients et la marche à suivre afin de fabriquer sa propre solution hydroalcoolique. 

Dans son “guide de production locale des solutions hydroalcooliques”, l’OMS indique qu’il faut ainsi trois ingrédients principaux : de l’éthanol (autrement dit de l’alcool), du peroxyde d'hydrogène et du glycérol, et éventuellement de l’eau distillée (ou de l’eau bouillante refroidie) pour l’élaboration de petites quantités. Tous ces ingrédients sont relativement faciles à trouver dans le commerce.

Cela étant, la préparation d’une telle solution requiert quelques précautions et savoir-faire, notamment en termes d’hygiène et de stérilité, et du matériel assez spécifique (béchers gradués, alcoomètre…). Il est notamment conseillé de placer les flacons remplis de la solution obtenue en quarantaine pendant 72 heures, délai permettant la destruction des spores bactériennes potentiellement présentes dans l’alcool ou dans les flacons (neufs ou réutilisés). L’OMS destine d’ailleurs ce document aux professionnels de la pharmacie et non au grand public.

Quant aux autres recettes de gel hydroalcooliquequi pullulent sur la Toile, mieux vaut passer son chemin. Bien que certaines huiles essentielles aient bien des propriétés bactéricides, fongicides et virucides, celles-ci n’ont pas fait preuve de leur efficacité dans la lutte contre les épidémies, et encore moins dans la lutte actuelle contre le coronavirus Covid-19.

Jointe par téléphone, Virginie D’Enfert, déléguée générale de l’AFISE, association des fabricants de produits d’hygiène et d’entretien, déplore l’engouement autour des gels hydroalcooliques faits maison. Insistant sur le fait que le document de l’OMS est réservé aux professionnels de la pharmacie, celle-ci souligne qu'il ne s’agit pas là de substances anodines.

“Le risque, c’est de faire manipuler des substances hautement inflammables, et d’obtenir in fine un produit irritant pour les mains et pas forcément efficace”, estime Virginie D’Enfert.

Quant à l’aloe vera, qui est cité comme ingrédient phare sur certaines recettes “home made”, la déléguée générale rappelle qu’il ne s’agit que d’un hydratant. Elle conseille donc vivement aux consommateurs de se rabattre sur les produits du commerce, qui sont soumis à des normes strictes, ou d’opter pour le traditionnel lavage des mains à l’eau et au savon. 

Le gel hydroalcoolique ne doit pas se substituer au lavage des mains classique

Rappelons que le lavage des mains “classique”, à l’eau et au savon, est préconisé dès lors qu’un point d'eau potable est disponible. Car un lavage soigneux des mains à l’eau savonneuse permet d’éliminer l’immense majorité des micro-organismes, en accentuant les propriétés glissantes de notre propre peau, là où le gel hydroalcoolique tue les pathogènes mais les laisse sur la peau. Ajoutons que l’usage de solutions hydroalcooliques à outrance pourrait favoriser l’émergence et la prolifération de souches bactériennes résistantes, ce qui n’est pas le cas de l’eau savonneuse. 

En absence de point d’eau disponible, l’utilisation d’une solution hydroalcoolique est toutefois recommandée, notamment dans les environnements collectifs (transports en commun, lieux publics,…).