- Louis Le Pensec, un menhir disparaît
- Avec Louis Le Pensec disparaît une figure qui aura beaucoup compté pour Michel Rocard, au plan politique comme personnel. Au milieu des années 70, c'est le combat pour la décentralisation et la reconnaissance des identités régionales qui les rapproche. Au sein du PS, il incarne, avec Charles Josselin, le basculement de la Bretagne vers la culture de la deuxième gauche dont Michel Rocard est le porte-drapeau. Quand il devient ministre des Outre-mer de Michel Rocard en juin 1988, il est assurément the right man in the right place at the right time. Avec intelligence et sensibilité, il réussit la négociation des accords Oudinot qui parachèveront les accords de Matignon sur la Nouvelle-Calédonie et en conduira avec succès la mise en oeuvre pendant cinq ans - un record à ce poste sous la Ve République. Il écoutait beaucoup et ne parlait jamais qu'à bon escient : c'est pourquoi Michel Rocard prenait le plus grand compte de ses avis. Il avait des convictions et les défendait avec panache comme en 1983, quand il a préféré démissionner plutôt que de rester au ministère de la mer rabaissé au rang de secrétariat d'Etat. D'origine très modeste, produit de la méritocratie républicaine, il n'a jamais oublié d'où il venait et Mellac restait un port d'attache où il se ressourçait. "Le grand Louis", comme l'appelaient ses administrés et ses amis, était un menhir, un repère, une référence. Sa disparition nous fait mesurer à quel point des figures solides, d'une fidélité éprouvée, aux valeurs indiscutées et au parcours exemplaire manquent aujourd'hui à la gauche et à la France. L'association MichelRocard.org partage la peine de sa famille et de ses proches, à qui elle exprime ses très sincères condoléances.